mardi 19 novembre 2013

A la recherche des petits moments de douceur

Bientôt une semaine de course dans des conditions super musclées, intenses et humides. Vraiment difficiles. Manger chaud est un défi, dormir au sec n'est pas vraiment envisageable, changer de sous-vêtements une aventure...
Au delà des efforts physiques, il faut tenir la cadence imposée. Non, on ne fait pas de pause pour dormir (comme le croyaient les enfants de l'école primaire que j'avais rencontrés), ni pour manger, pas même pour se brosser les dents ! Le bateau file et on n'a pas trop le choix, on fonce avec lui.

Lorsque les galères arrivent, elles ont fâcheusement tendance à s'additionner et rendent l'aventure plus difficiles à gérer pour le moral qu'on retrouve vite au fond des bottes ! Et même quand on ne subit pas de grosse casse, le rythme imposé par la course use très fort le mental. Pas moyen d'appeler l'équipe à terre, le petit chéri (marche aussi pour la petite chérie quand le marin est un garçon) ou le papa/la maman pour se donner un coup de boost et de motivation.

Alors dans ces moments là, j'avais mon petit secret que je vous livre :



Mes copains, ma famille avaient investi mon bateau la veille de mon départ. Et tatoué l'intérieur de mon mini d'une multitude de petits mots d'encouragement, caché des petits papiers dans mes sachets journaliers de nourriture, confié un programme de musiques à écouter (une chanson par jour) ou enfin posé quelques enveloppes à n'ouvrir qu'en cas de "coup de blues".


Tellement rien, tellement négligeable, vu depuis son canapé derrière son ordinateur. Mais tellement énorme, tellement fort, tellement émouvant depuis le beau milieu de l'océan Atlantique !

Seule ? Plus tout à fait... me voilà à la recherche du petit mot bien caché dans un recoin et que je n'aurais pas encore lu, impatiente d'allumer mon MP3 pour écouter le morceau du jour en prenant toujours soin de ne pas écouter le suivant, afin de s'assurer chaque jour 3 minutes de douceur.
Je me revois me demander si la déchirure dans mon solent valait l'ouverture d'une enveloppe "coup de blues", ou si je ne risquais pas d'épuiser mon stock un peu trop vite, car difficile de présager de la suite de l'aventure.


Ces petits riens du tout qui chauffent le coeur, nous font nous rappeler qu'ils y en a qui croient à notre défi, à notre audace, à notre rêve et qui comptent sur notre volonté pour nous retrouver de l'autre côté de l'océan.

Alors on respire un bon coup. Ce trop plein d'émotion donne à nouveau la gnac pour réparer ces fichus safrans, tangons, ferrures, pilotes, monter en haut de ce satané mat pour rebrancher l'aérien, repasser la drisse, ou encore se visser à la barre du bateau pour plusieurs heures...


Les marins en course n'ont pas de contact avec la terre et c'est ce qui rend cette épreuve si intense. On manque de tout à bord de ces mini bateaux, et c'est quand les choses ou les personnes nous manquent qu'on se rend compte à quel point elles sont importantes.  

3 commentaires:

  1. Très bon, Merci Marie
    Sylvain 641

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  2. Encore une fois, merci Marie. J espère que yoann a le même plaisir à ouvrir chaque jour ses enveloppes et ecouter les petits mots enregistrés pour lui.

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  3. perfect :)
    Moi j'avais carrément la playlist par jour :) Top ambiance tu es avec la personne qui ta donné la playlist !
    Parfait !

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